Retraités juillet 2006

Publié le par FO com POSTE section Aples-Maritimes

Au fil de l'eau                                                                      juillet 2006

          

 

CODERPA des Alpes Maritimes 

 

Bilan d’un an d’action 

 

Les représentants des retraités du Département ont eu l’occasion de travailler sur de nombreuses fiches d’action qui étaient autant de thèmes positifs pour l’amélioration du bien être des personnes âgées. Afin de donner un aperçu des actions préconisées je communique aux adhérents de FO une synthèse des fiches traitées par la Première Commission dont j’ai eu l’honneur d’assurer la Présidence.Premier axe de réflexion : La bien traitance.  

                                                                                             Guy Muller

 

 

Ce n’est pas par hasard si ce thème figure en tête du programme de la Première Commission. On peut dire que ce thème est immanent et permanent à toutes nos actions. La fiche d’action sur les droits des usagers en établissement exprime une revendication identique pour la personne âgée.

Toutefois la bien traitance est peu explicite notamment vis-à-vis des règles du code pénal qui incriminent la maltraitance aussi il faut décrire en quoi consiste une maltraitance qui est une notion beaucoup plus opérationnelle. La bien traitance est la forme en relief de la maltraitance qui en est son envers.

            La maltraitance est toute action ou omission qui porte atteinte à l’intégrité corporelle ou psychique d’une personne, ou à sa liberté ou qui compromet gravement le développement de sa personnalité ou qui nuit à sa sécurité financière.

La maltraitance ce sont des coups, des bousculades, des contentions, un langage insultant (le tutoiement), le chantage affectif, les vols d’objets ou d’argent, les excès ou privation de médicaments, le placement non consenti en maison de retraite, le non respect des droits civiques.

L’abus de faiblesse est un délit Pénal. La loi protège les personnes vulnérables vis-à-vis de leur âge.  

Ces préconisations subissent des adaptations selon que la personne âgée soit à son domicile, en établissement et vis-à-vis de la cité pour le maintien du lien social.  

Le thème de la bien traitance est donc transversal vis-à-vis de nombreuses autres fiches d’action. Ainsi les droits des usagers en établissements, l’animation au domicile, s’inspirent directement de droits reconnus aux personnes âgées tels que :

- La citoyenneté prime sur l’âge : tous les droits du citoyen normal sont maintenus et préservés par des textes et déclarations (charte de la personne âgée dépendante de 1987)

- La dignité de la personne âgée s’appuie sur une attitude d’écoute, un langage respectueux, le respect des habitudes de vie et des objets personnels, par sa participation à des activités valorisantes ;

- Droit à l’intimité, du corps qui concerne le respect de la pudeur en tout lieu

                               de l’environnement, dont la chambre qui demeure un lieu privé

                               des informations médicales et la confidentialité du courrier

- Respect mutuel dans les relations avec les autres.

 

Ce n’est pas parce que la vieillesse joue sur notre image d’une façon négative que nous n’avons pas le même droit à considération. L’image des vieux découle de la publicité omniprésente QUI PROMEUT LE JEUNE,  LA BEAUTE, LA NOUVEAUTE, tous facteurs positifs de notre société. Dans la publicité le vieux n’existe pas puisqu’il devient « senior » en tant que consommateur.

 

 

1) L’affirmation des DROITS des usagers dans les établissements renforce notre souci d’améliorer la considération des personnes âgées dans tous les lieux d’accueil provisoire ou définitif.

Il s’agit de mettre en avant tous ces « petits » gestes et comportements quotidiens en direction des personnes âgées accueillies en établissements et qui témoignent du respect de leur dignité. Car c’est bien souvent d’une reconnaissance de leur identité en tant qu’être humain à part entière qu’elles manquent le plus. Dans ce domaine, nous n’inventons rien : tout a déjà été dit mais peut-être pas entendu.

Affirmation de droits et libertés : continuer à être un citoyen à part entière

Respecter l’adulte qui est en chacun de nous. Nous ne sommes pas des mami ou papi, nous avons une identité et donc un nom. Nous devons pouvoir bénéficier des droits civiques et des libertés de conscience, tout en pratiquant la confession de notre choix. Nous avons besoin d’être informés clairement sur l’accompagnement et la prise en charge prévue par l’établissement. Puis nous devons pouvoir choisir les traitements et prestations en donnant un consentement éclairé (avec l’aide des professionnels de santé). En matière de patrimoine et de revenus, la personne âgée, doit pouvoir les administrer librement.

Toute familiarité doit être exclue. En dépit de notre dépendance, nous sommes logés dans un hôtel où l’on doit frapper à notre porte avant d’entrer. Le respect de l’inimité est un droit absolu.

Nous avons aussi des préférences : un rythme horaire, culinaires, des affinités.

 

Affirmation du droit à bénéficier de soins de qualité et performants

Cela implique : le choix du médecin et un accord sur le traitement proposé. Nous souhaitons  que l’établissement soit dirigé par un directeur et une équipe compétente, formée en matière de gériatrie. Afin de motiver cette équipe, il faut un minimum d’agents qualifiés, par lit. En réduisant les effectifs, en stressant le personnel, comment celui-ci pourrait-il être attentif aux besoins des personnes âgées ? Ce personnel doit aussi être invité à ne pas crier dans les couloirs tôt le matin et à ne pas trop bavarder ensemble devant le patient.

Le personnel doit pouvoir faire preuve de qualités humaines et connaître les résidents. Il ne doit pas être indifférent et aimer son travail. Mais il faut éviter un turn over trop élevé et encourager les formations et mises à niveau du personnel via des stages.

Affirmation du maintien d’une vie sociale

La liberté d’aller et de venir, de participer à des ateliers distractifs dans l’établissement et à l’extérieur sont des éléments structurants de la personnalité. Participer à l’élaboration des menus, décorer sa chambre, recevoir des amis sont des activités implicantes. Pouvoir choisir ses compagnons de table, son habillement, sa coiffure sont des compléments indispensables à l’épanouissement de la PA. Pouvoir consulter la convention tripartite permet aussi de participer au fonctionnement de l’établissement en connaissant mieux ses problèmes et ses limites.

Enfin le droit au respect des liens familiaux s’impose naturellement par la participation de la famille au projet d’établissement en cas d’incapacité de la personne âgée.

 

Ce dispositif doit être complété par une attention soutenue portée aux conventions tripartites qui doivent donner des moyens supplémentaires en personnel. Il faut rappeler que la France est très mal classée par rapport à d’autres pays au plan du pourcentage des auxiliaires de vie. Aux Pays Bas, en Belgique, en Allemagne et en Espagne le personnel représente 1 personne par résident.

2) La limitation de la prescription médicamenteuse chez la personne âgée est encore un symbole de bientraitance

Ce type d’accident cause entre 15 000 et 20 000 décès par an. Ils sont à l’origine de 15 à 20% des hospitalisations. Aux Etats-Unis, c’est la 8ème cause de décès.

Considérant que les accidents iatrogéniques sont 2 fois plus fréquents après 65 ans. Qu’ils surviennent à l’occasion de circonstances particulières :

Lors d’un changement dans la vie du malade (pathologie intercurrente, évènement de vie, modification de l’environnement…) ou lors d’un changement de prescription. 

 

 

3) La Maladie d’Alzheimer en accueil de jour

Il faut soutenir les familles et les aidants naturels des personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées en leur favorisant l’accès aux accueils de jour. Cet accueil peut être proposé soit au sein d’une unité n’accueillant que des personnes vivant à domicile soit dans un établissement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) qui propose à ses résidents un accompagnement adapté. Il peut être complété par un accueil de nuit.

  CAHIER DES CHARGES POUR LES ACCUEILS DE JOUR.

Ce type d’accueil doit se fixer un certain nombre d’objectifs :

-          la resocialisation du malade en préservant les relations et contacts avec les autres. Pour cela, l’accueil de jour doit proposer des rencontres et activités adaptées.

-          L’adaptation à la vie quotidienne : par la réalisation de projets individualisés, il s’agit de privilégier le plaisir de faire à partir des capacités restantes (ateliers de réadaptation, créations sorties).

-          Assurer non seulement le répit mais aussi l’écoute et le soutien des aidants. Pour cela, il est nécessaire d’avoir recours à un personnel formé et motivé et suffisamment nombreux, capable de s’adapter aux différentes situations individuelles : évolution de l’état de la personne, modifications fréquentes de la constitution du groupe. Cette formation doit être assuré par le Service public.

 

L’accueil de jour doit également faire appel à diverses compétences : psychologue ou orthophoniste, personnel soignant, personnel d’aide et d’accompagnement… Il doit être accessible à tous ce qui suppose une véritable prise en charge financière de ces structures

     GROUPES DE SOUTIEN DES AIDANTS.

Le but de l’accueil de jour Alzheimer étant surtout d’aider les aidants, il est important d’accompagner le plus possible les familles des malades en proie à la détresse en leur assurant un véritable  soutien psychologique.

Cela implique la mise en place de groupes de soutien devant répondre aux objectifs généraux suivants :

-          permettre aux aidants d’obtenir et d’échanger de l’information ;

-          prévenir et remédier à l’usure physique et psychologique des aidants ;

-          apporter des réponses quant aux troubles de la maladie ;

-          informer les aidants des différents symptômes dans l’ordre d’évolution de la maladie ;

-          être à l’écoute des aidants, faire en sorte qu’ils aient chacun un temps de parole afin de verbaliser les difficultés, les conflits… ;

-          proposer des idées d’activités aux personnes malades. 

 

 

 Deuxième axe de recherche : La lutte contre la solitude et l’isolement est aussi un combat individuel qui renvoie à deux problématiques différentes.

Cette lutte est identique quel que soit l’âge et la fiche sur la préparation de sa vieillesse serait même un excellent début. En effet les actifs ont peur de la retraite car ils ont peur de réaliser un plan d’action pour donner une couleur à leur devenir. Mais les retraités ont aussi des difficultés car, plus âgés, ils se répartissent en plusieurs groupes : 

Il existe une gradation dans l’isolement de par son développement progressif.  En étudiant les facteurs de qualité de vie, on découvrira  ce qui a une incidence sur la solitude.

-     La santé. Un maintient en bon état physique suppose un exercice physique régulier, une bon régime alimentaire. Une politique de prévention évite l’apparition de maladies chroniques invalidantes ou la survenue d’une dépendance coûteuse.

-          La vie affective. La qualité des relations affectives familiales et amicales contribue au maintien d’un bon équilibre psychologique. L’aïeul a perdu son potentiel de référence et n’est plus une bibliothèque de connaissances. La disparition de valeurs morales aggrave le sentiment d’indignité.

-          La vie sociale et relationnelle. Les personnes âgées expriment le besoin d’être reconnues socialement, de se sentir utiles et d’échanger.

-          L’inadaptation de l’habitat, aux changements intervenus par le vieillissement de l’habitant,

-          La baisse du pouvoir économique (le moteur  des facilités d’adaptations). L’habitat doit être considéré. (Faire prendre en compte le logement mais aussi son environnement, les déplacements, l’accessibilité et les services de proximité nécessaire.

1/   -     Les seniors les plus jeunes, autonomes et consommateurs, les seniors âgés sans problèmes  particuliers en phase de prévention et d’animation stimulante relationnelle : les actions seront axées  sur l’auto formation et le bénévolat dans les associations et services culturels.

 

   2/    -     La personne âgée fragile. La fragilité est difficile à définir. C’est un concept complexe avec interaction de facteurs physiques, neurologiques, psychologiques et environnementaux. La fragilité est alors une véritable histoire naturelle propre à chaque individu. Des déterminants successifs s’additionnent. Le remède consiste en la mise en place d’outils de dépistage précoce. L’évaluation gérontologique peut encore mettre en place une prise en charge adaptée coordonnée et une démarche préventive secondaire cohérente

 

 L’animation à domicile complète la réflexion sur la solitude et l’isolement. On passe de la solitude à l’isolement qui découle du confinement au domicile.

-  le besoin le plus souvent exprimé par les PA isolées est essentiellement de "PARLER".

-  l'animation à domicile impose d'établir des liens relationnels avec la PA en rupture de lien social.

- L'animation à domicile doit être centrée sur la PA, sa culture, ses souhaits, ses désirs et ses centres d'intérêts.

-  la nécessité d'un cahier des charges à respecter par tout organisme proposant de l'animation à domicile.

- Sécurisation des actions vis-à-vis de personnes fragiles. Tout intervenant (CCAS, associatif, bénévolat) doit être recruté sur lettre de motivation, sur dossier après enquête de moralité, et être muni d'une carte spéciale avec photo.

 

 Visiteur : Normalisation des appellations: agent de lien social, agent de convivialité       dame de compagnie, auxiliaire de vie sociale, visiteur à domicile, etc. Dans l'attente d'une normalisation : terme utilisé : visiteur à domicile

Particularités du visiteur à domicile :

            Le visiteur ne doit pas être dans une relation d'autorité - comme le docteur ou l'infirmière - ni se considérer dans une relation d'apprentissage. Il est totalement dans une relation d'aide, il lui faut principalement et uniquement entendre ce que lui dit et/ou demande la PA.

Objectifs du visiteur

- Impérativement: connaître la biographie de la PA,

- Maintenir les gestes quotidiens de la PA à travers des activités de la vie courante,

- Permettre à la PA de retrouver une autonomie dans sa vie quotidienne compatible avec son état de santé,

- Valoriser les performances encore présentes,

 

 - Etablir des relations humaines à travers les actes de la vie courante,

 

 - Renforcer l'image de soi (ex. activité de soins du visage, coiffure)  L’INFORMATION est à développer…

 

Il faut tisser un réseau d'information aux familles qui utilise les cabinets médicaux, les pharmacies, les hôpitaux, les médias, les CLIC, les CCAS. Cette demande est récurrente à toutes nos réflexions dans la mesure où les problèmes liés au vieillissement sont largement occultés par des attitudes psychologiques où chacun  estime qu’il y a lieu d’attendre que les problèmes se posent. Ce sont donc des œillères qu’il s’agit d’éliminer.

Le repérage des personnes âgées en déréliction est un point important.

Notre constat est que si de nombreuses actions en faveur de la PA sont déployées, leur existence n’est pas toujours connue, par leurs destinataires. En conséquence un effort important doit être réalisé pour faire connaître à toute la population des PA et à leur entourage les moyens mis à leur disposition. La promotion des lieux de vie et de rencontre doit être effective, dans les supports d’information municipaux et dans la presse locale. C’est d’ailleurs en utilisant la presse que les syndicats et associations informent leurs adhérents des rencontres, permanences et voyages prévus. Très souvent la personne âgée ignore l’offre municipale qui se trouve quelquefois à sa porte. Enfin, la lettre du Conseil Général pourrait montrer la géographie des Clic et CCAS, en donnant des exemples d’actions, réunions prévues. Ou en relatant l’objet des réunions passées pour en asseoir l’existence par la démonstration des activités offertes.

Une autre fiche d’action de la troisième commission essaie d’établir une carte de présence géographique des CCAS et des Clic.

                                                                  ….Ainsi que la formation des personnels

Toutes nos réflexions conduisent à un constat : la formation du personnel doit être améliorée. Sachant que seuls 5% des personnels ont suivi une formation gériatrique. Mais surtout il faut mettre un terme aux multiples qualifications différentes : aidants, visiteurs, accompagnants, auxiliaires de vie, etc. Le corollaire d’une bonne formation serait bien sûr une amélioration des salaires des personnels. Or l’absence de formation et l’obligation de trouver du travail ne sont pas des conditions saines pour des métiers exigeants. Il faut mettre fin à l’idée qu’il s’agit d’emplois « bouche-trou », là où il y faut un engagement choisi, voire une vocation. Chaque fiche de proposition constate un écart important entre la conduite à tenir vis-à-vis des personnes âgées et la réalité.

 

  

Publié dans Lettres d'information

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article